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Crise dans le Bordelais Des centaines d'exploitants en grande difficulté

Ventes en baisse, surproduction et surendettement: plusieurs centaines d'exploitants viticoles dans la prestigieuse région de Bordeaux connaissent de graves difficultés financières qui les obligent de plus en plus à déposer le bilan.

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La crise actuelle, la plus grave depuis 30 ans pour le plus vaste vignoble d'AOC de France et un des plus célèbres au monde, devrait en conséquence accélérer la baisse du nombre de récoltants, qui a déjà diminué de moitié en 20 ans, pour s'établir actuellement à environ 10.000 personnes. Le nombre d'exploitants en grande difficultés semblent pour l'instant relativement stable depuis le début de la crise au début des années 2000 mais, pour certains d'entre eux, la situation se détériore. "Il y a un phénomène nouveau cette année, des exploitants font des demandes pour aller vers le tribunal pour trouver une solution", en déposant le bilan et en se plaçant en redressement judiciaire, relève Philippe Abadie, chef du service développement à la chambre départementale d'agriculture. Pour ces viticulteurs, "la résolution des problèmes financiers ne peut plus se faire avec les banquiers et les fournisseurs. Avec le redressement judiciaire, le tribunal leur propose un plan sur 10 ou 15 ans", indique-t-il à l'AFP. Pour l'instant, aucun chiffre sur ces redressements n'a été rendu public. Toutes les appelations sont affectées, y compris les plus prestigieuses. Selon lui, "le Médoc est très touché, tout comme le Bordeaux AOC car les investissements ont été importants". "Le Saint-Emilion est un peu moins touché mais les charges sont élevées", souligne-t-il. "On est dans l'oeil du cyclone. Les prix sont bas, le marché encombré et les transactions ralenties.

La situation est sérieuse", analyse de son côté Jean-Claude Pichon le directeur général du Crédit Agricole de Gironde, acteur incontournable de la filière dans le département. "Mais le secteur peut en sortir renforcé. Il restera ceux qui sont adaptés, qui offrent le rapport compétence-qualité-prix. Il faut un peu plus de rigueur, de volonté et qu'ils arrivent à baisser les rendements", poursuit-il. "Il y a entre 500 et 600 exploitants fragilisés avec des degrés de difficultés différents", précise Marie Olivier, en charge du financement de l'agriculture au sein de la banque. "Il y a ceux qui vont arriver à se redresser, qui font leur propre introspection et font preuve de dynamisme commercial et ceux qui vont doucement vers une sortie d'activité", explique-t-elle. Dans cette dernière catégorie, "il y a des gens d'un âge élevé qui se découragent et qui se disent, soit j'arrache, soit je passe la main", souligne-t-elle.

Plus d'un tiers des exploitants dans le Bordelais ont plus de 55 ans, dont 23% ont plus de 60 ans. Parmi les exploitants dans le rouge, certains doivent faire face à des problèmes de surendettement, après avoir acheté du foncier entre 1997 et 2000, alors que les prix étaient au plus haut, à près de 45.000 euros l'hectare dans le Bordeaux générique. Aujourd'hui, l'hectare est à environ 20.000 euros et les taux d'emprunts sont presque deux fois plus bas, à environ 4%. Pour un acteur important de la filière, qui s'exprime sous couvert de l'anonymat, la crise actuelle conjuguée au départ à la retraite d'une génération de viticulteurs devraient entraîner dans les dix prochaines années une nouvelle réduction de moitié du nombre d'exploitants, de 10.000 à 5.000.

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